L'article vient du Mali, ça parle pas de chez nous mais c'est tout comme...

Certains époux s’arrogent le droit de prendre seuls les décisions qui engagent la vie du couple. Erreur...

L'homme et la femme en formant un couple sont sensés résoudre ensemble les problèmes d'épanouissement de leur foyer. Il n'est un secret pour personne qu'au Mali, l'homme et son épouse jouent des rôles différents. Ils se complètent dans la famille. Afin de bien faire fonctionner le foyer, la femme s'occupe du ménage et de l'éducation des enfants. L'époux est le pourvoyeur de fonds pour assumer à titre principal, comme le stipule le code de mariage, des charges de la famille. Pour autant certains époux consultent-ils leurs femmes sur certaines décisions capitales engageant l'avenir de leur foyer ? Nous avons approché certains couples pour en savoir plus sur la question.

Au Mali, la plupart des femmes sont marginalisées et beaucoup d'hommes pensent que la femme a la langue légère et ne sait pas garder un secret. Pour cette région ils ne la consultent pas sur la prise de décision. Les maris pensent généralement que consulter leur épouse comporte le risque de se voir opposer un avis différent du leur. Cette contradiction pourrait créer la zizanie entre eux. Donc, pour éviter tout clash, les maris préfèrent ne pas ouvrir le débat avec les tendres moitiés.

Certains font le tri entre ce qu'il peut dire ou non pour éviter les disputes. Le doyen Karamokofîn, commerçant résidant à Magnambougou, assure qu'il ne consulte pas sa femme dans toutes les décisions qui engagent l'avenir du foyer conjugal. Il fustige la simplicité d'esprit de la femme. En lui confiant certaines choses, elle pourra interpréter autrement. Alors Karamokofîn ne demande l'avis de sa femme que sur les problèmes culinaires, d'éducation des enfants ou ce qui touche à l'état de la maison.

Amidou Cissé, un autre commerçant est du même avis que son compère. Il avoue ne jamais consulter sa femme sur les décisions qui engagent la destinée du foyer. Il décide seul et informe ensuite sa femme pour exécution. L'enseignant Ousmane Coulibaly résidant à Faladié soutient des idées progressistes. Sa femme est sa moitié, dit-il. Dans la prise de décision concernant un membre de la famille, il consulte sa femme. Souvent, elle émet une meilleure idée. Il peut arriver aussi qu'elle passe à côté. Dans ce cas, Ousmane agit à sa guise. Les questions culinaires sont laissées à l'initiative de madame, "car je pense que c'est son domaine", affirme l'enseignant.

Djénéba Kamaté, ménagère à Niaréla n'est jamais consultée par son mari sur la vie du foyer. Il fait comme bon lui semble. Après si l'épouse est concernée par un aspect de sa décision, "monsieur" daigne lui en parler. Le cas échéant, il ne lui dit rien. La brave ménagère Djénéba ne condamne pas son époux. Elle est convaincue qu’il n'a pas besoin de son point de vue pour décider du bien être du foyer.

Lamine Diarra, cultivateur à Niamakoro est catégorique. Il estime que son épouse n'a rien à voir avec les décisions qui canalisent la vie conjugale. "L'homme décide et la femme exécute. Il n'y a pas deux capitaines dans un bateau" assène Lamine. Il pense que la malienne doit être toujours soumise aux décisions de son époux.

Il ressort des points de vue exposés que beaucoup d'hommes n'ont pas intégré le fait que leur bonheur découle de la complicité nouée avec leur épouse. La prise de décision unilatérale engageant l'avenir du foyer n'est pas porteuse de succès éternel. Un adage de chez nous dit : "Une personne, une idée, deux personnes, deux idées". Ces paroles sages s'adressent à ceux qui pensent que la femme ne mérite pas d'être consultée sur les décisions capitales imprimant un cours nouveau à leur vie conjugale.